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Nietzsche et la probité

Nietzsche et la probité

Auteur : Louis Godbout

20,00 €
Si le concept de vérité chez Nietzsche a fait couler beaucoup d'encre, on ne peut en dire autant de sa vertu de vérité, sa probité. Pourtant Nietzsche lui-même répète que sa probité constitue une nouvelle vertu, qui le distingue parmi les philosophes. Il y voit même un titre de gloire posthume. Au sein d'une discipline où l'on fait profession de la vérité, une telle prétention a de quoi surprendre. Nietzsche serait-il plus philosophe que les philosophes? L'intérêt que suscite cette question dépasse le cadre des simples «études nietzschéennes ». En se réclamant d'un souci sans précédent pour la vérité tout en étant un virulent critique de la notion, Nietzsche incarne le premier cette ambivalence qui forme désormais le lot du penseur d'aujourd'hui. Ce penseur dont la réflexion, rendue timide par les assauts de la déconstruction et du relativisme, porte le plus souvent en elle-même les éléments de sa propre remise en question. Ainsi en allait-il déjà de la pensée nietzschéenne. Ses interprètes plus rigoureux sont embêtés par son «surhomme» et son «éternel retour», ses plus romantiques le sont par sa lucidité impitoyable, et Nietzsche l'était par les deux. C'est un témoignage de sa probité qu'il n'ait pas cherché à cacher cette contradiction intérieure. Pour notre époque, il s'agit aussi d'une de ses plus précieuses leçons : paradoxalement, celui qu'on a souvent, et bien hâtivement, qualifié d'« irrationaliste » ou d'« esthète » nous montre comment la crise de la vérité ne signe ni la mort de la sagesse ni celle de la rigueur et de la lucidité philosophiques.Au contraire - qui l'eût cru? -, peut-être qu'une nouvelle éthique de la pensée se dessine ici. (L. G.) ©Electre 2024